Les
Parapluies de Cherbourg
de Jacques Demy
par
Jacques Sicard
Aujourd’hui, grésil
de printemps, mais plus aucun parapluie sur les têtes nues. Où sont-ils donc
passés ? Il n’est parapluies que de Cherbourg et n’abritent que des
chansons d’amour.
Une voix qui
chante, et si elle chante, quoi qu’elle chante, c’est d’aimer. Dont
l’ombre portée est la voix triste, qui chante depuis la place laissée vide
par l’absence de l’être aimé. Et tel qu’en un pantin cette absence la
change, elle n’est plus que la voix brisée de qui travaille, faute de tout,
et meurt de lassitude comme la plupart.
Rythmés par les
rengaines de la variété, vont et viennent les parapluies multicolores, petits
paradis portatifs que Demy filme d’emblée à la verticale de leurs cercles de
tissu précis, précis et très précisément inscrits dans un carré de pavés
mouillés – faisant ainsi glisser la question de comment carrer le cercle,
l’antique problème de la quadrature, des figures scolaires de la géométrie
au désenchantement quotidien.
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