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REVUE  DE  LITTÉRATURE  ET  DE  CRITIQUE

Sommaire - Archives - Nous écrire- 


Revue en ligne de littérature et de critique, "Le Nouveau recueil" publie des textes de création, des études et des articles. Fondée en 1984, sous le titre "Recueil", rebaptisée "Le Nouveau recueil" en 1995, ce fut d'abord une revue "papier" publiée trimestriellement par les éditions Champ vallon auprès desquelles il est toujours possible de se procurer d'anciens numéros. ).
L'édition électronique a pris la relève de la revue papier en mai 2008.

Le nouveau recueil est dirigé par Jean-Michel Maulpoix.


Dernières parutions
mise à jour du 18 août 2023



Carole

Grand Oui Vert, Réfraction du Poème II
Carole Darricarrère, 2022



  • Alexis Audren, « Bigarrures, bariolages », dessins de Philippe Cognée, éditions Æncrages & Co 2023, 58 pages, 21€

par Carole Darricarrère

La première chose dont l’œil en couverture se saisit, noir sur blanc est un nid : reading with the right side of the mind équivaut à « regarder avec de moins en moins de mots » les oiseaux apparaître à tour de ciel un à un, sinon off sight shading away de mémoire dans le temps long du Poème, des becs qu’il ne resterait plus aux mots qu’à barioler - bigarrer de biffures des becs.

Pour autant rien de moins sûr, les dessins de Philippe Cognée s’avérant résolument vibratoires, du corps éthéré d’un nez, d’une bouche, un œil de profil résolument lacérés de noir, surgiraient de but en blanc comme autant de souvenirs optiques une surimpression de volatiles, pupilles d’une grêle de plombs, chaos sous la cognée d’une idée en tête, synthèse vibratile du travail de langue d’Alexis Audren, tango d’un combat avec la figuration - seul « emporté dans [un] vert » étal, le titre, « perspectives ouvertes jusqu’au jardin du dedans ». (lire la suite...)








De mémoire et de vent


Peut-être des lis

Judith Chavanne, De mémoire et de vent (éd.L'herbe qui tremble), Peut-être des lis (éd. Le bois d'Orion).

par Jean-Michel Maulpoix


Judith Chavanne a récemment publié aux éditions L'herbe qui tremble De mémoire et de vent, avec des peintures de Caroline François-Rubino. L’an passé, elle avait fait paraître Peut-être des lis, au Bois d’Orion, émouvant hommage à la figure de la mère qui s’efface. Dans ces deux livres, comme dans les précédents, je retrouve le toucher de langue particulier d'une pensée sensible : émotion, rêverie et réflexion s'entrelacent, étroitement nouées, et c'est ainsi sur le papier une troublante présence qui s'établit, celle d'une voix proche, qui dit « tu » volontiers : la simplicité du poème. Et c'est une sensation de langue particulière que le lecteur partage, comme le désengourdissement d'une chair meurtrie, que soit évoqué, comme dans Peut-être des lis, la fin d'un proche, ou simplement observés des mouvements de lumière au jardin qui sont aussi bien des mouvements de mémoire, ou les visages et les paroles d'un enfant qui grandit…


Il y a, chez Judith Chavanne, une précision du trouble, une méticulosité de l'hésitation, une manière d'approcher avec une ferveur « surattentive », inquiète et bienveillante à la fois. La parole est toujours dépouillée : aucune emphase, aucun pathos. L'émotion est d'autant plus vive qu'elle demeure retenue, logée parmi des détails concrets, des observations fugitives, des silences… « Juste de vie, juste de voix » : on se souvient que ce fut le projet de Philippe Jaccottet, et c’est ce qu’accomplit Judith Chavanne dont la parole s'impose précisément par sa justesse, autant que par sa manière de rendre justice aux êtres, aux moments de la vie, aux circonstances et aux objets. Son écriture est toute en discrétion, attention, éclosion, délivrée des pesanteurs et tournée vers l'autre ou vers le dehors, à la fois offrande et cueillette, façon de donner et de recevoir… Il y a ainsi pour le poème une manière de penser sans se passer du monde, de se tenir auprès des êtres, au plus près de leur présence.

Ecrire de la poésie peut-être une façon d'aimer dans la langue, puisque la poésie est la forme de l'attention et sa musique. C'est comme frapper discrètement quelques accords sur un clavier avec des couleurs et des souvenirs, des mouvements de feuilles et de fleurs dans la lumière, des inflexions de phrases. C'est aussi bien une manière de tendre l'oreille, quand « avec le temps s'approfondit l'espace de résonance ». L’écoute s'est rendue sensible à la mélodie des choses ; il y a partout des voix endormies que la poésie réveille.






étude
                                    d'éloignement
  • Emmanuel Moses, Etude d'éloignement, éditions Gallimard
par Jean-Michel Maulpoix

   Ce nouveau livre de poèmes d’Emmanuel Moses aurait pu avoir pour titre « Les choses de la vie ». Mais il s’intitule « Étude d’éloignement ». Entendu au sens strict, c'est un effort méthodique d'application de l'esprit cherchant à comprendre et à apprendre ce que sont les choses de la vie, dans leur fugacité. On y prend en chaque occasion la mesure des distances et des défaites. On y observe avec tristesse que la solitude chaque jour gagne du terrain. C'est le possible qui se réduit et l'impossible qui s'accroît. La vie a des cadences inexorables. Elle est une affaire de chemins qui s’éloignent et se perdent dans les lointains.

    Avec une patience, une simplicité et une sagesse de vieux poète chinois qui a beaucoup lu La Bruyère et sait reconnaître les fâcheux, Emmanuel Moses multiplie dans ce livre des études pareilles à de petits tableaux ou de simples croquis. Ce sont des scènes de vie qui ont parfois des allures de conte ou d'apologue. Mais ce sont aussi des regards qui se perdent au loin, des fugues qui tracent en poèmes leur chemin de musique, tandis que circulent là-haut de « petits nuages luisants et noirs ». Les souvenirs, bien sûr, font partie du voyage. « Tout est frontière », depuis toujours. Et le courant nous emporte. On cherche, on appelle, on oublie. Les liens sont fragiles. Au cœur du livre, un long poème en vers libres donne la parole à un musicien de jazz qui raconte à grands traits, comme on s’enivre de vin, la déchéance de sa vie sauvée du rien par la musique.

    Ces poèmes nous parlent à l’oreille. Chacun a quelque chose à nous dire, sans jamais prendre un air savant. N’est-ce pas étrange, cette façon qu’a la poésie de confier à une voix singulière le soin de découvrir des choses communes à tous sur un ton familier, ou, pour le dire autrement, de donner à tous la tristesse de chacun à partager ?
(télécharger le PDF de cette note)




aller
  • Jean-Marc Sourdillon, Aller vers, éditions Gallimard.
par Jean-Michel Maulpoix

En lisant Aller vers de Jean-Marc Sourdillon, je songeais à ces mots d'Arthur Rimbaud : « c'est la mer allée / Avec le soleil ». Et pourtant ce n'est pas d'éternité que nous parle ce livre, mais de présence, d'une présence « pareille à un oiseau que ses ailes déchirent ». On comprend que cet oiseau-là n'est pas fait pour l'envol mais pour un chant qui monte dans les broussailles, pour une présence terrestre…

Qui s'en va ici ? Quel est cet « aller vers » qui donne son titre à ce livre de poèmes ? C'est le bond libre d’un animal sauvage dans la pénombre, ou le pas du marcheur qui l’a surpris ; c’est l’aujourd’hui, et c'est aussi bien le vers lui-même, et en lui la voix d’encre qui cherche la chair et qui appelle, la voix tendue sur le fil même des vers, en direction d'un visage, d'un corps, d'un sens, d'un être, d'une femme aux épaules nues qui porte un nom de rivière, la Seine toute proche, ou encore de ce grand autre lointain qui pourrait être Dieu si l’on n’avait perdu la trace de l’ange.  N'est-ce pas toujours en cet autre inconnu qu'il faut aller boire et découvrir sa propre vie en dépit de la distance et de l'éloignement ? De sorte qu'ici le chant du poème devient « la forme de la distance », la danse même de la pensée, et le mouvement vers du sujet. Alors ne cherchez pas à mettre à tout prix un nom sur la destination ou le destinataire : « tu » reste pour toujours une énigme, ou le champ des possibles, ou la clarté d'une lampe. (lire la suite...)



Clédat par
                                  CD

Françoise Clédat, Les Parentés Inhumaines 
Tarabuste éditeur, mars 2023, 127 pages, 15€

par Carole Darricarrère

Au royaume de l’excellence, sagesse rime avec tristesse ; modèle de rigueur, d'exigence et de précision, écrire et lire comme s'enfoncer dans l'âge est un défi et une ascèse. Toute pudeur refoulée sera restituée en lettres de noblesse. Au commencement de la fin du monde le thème du confinement ouvre le bal : poètes, vos papiers ! Françoise Clédat s'en empare comme d'un objet métaphysique, avec subtilité, méthode et pondération. En prose comme le motif s'y prête, elle pose le cadre. Entre dans le désert tête haute. Y trouve matière à penser le corps et se penser. S'ouvre aux signes qui récompensent les pénitents. S'arrime au langage de la Nature et aux greffons des références. Concentre son pas, son souffle, sa dictée. S'accorde au temps long des exégèses. Convertit le plomb en lumière. (lire la suite...)



livre d'or

  • Gwen Garnier-Duguy, Livre d’or (Postface de B. Lacarelle, Illustr. de couverture R. Mangú), Mont-de-Laval, L’Atelier du Grand Tétras, 2023, 94 p.
par Jean-Charles Vegliante

Voici un nouveau livre de Gwen Garnier-Duguy, impeccablement édité par l’Atelier du Grand Tétras, sous le titre d’apparence célébrative Livre d’or. Il s’agit une fois encore de « chanter oui, mais chanter quoi ? » alors que le rocher accablant de Sisyphe use et épuise qui a un travail banal « déjà pas à la portée / de tout le monde », malédiction et « signe d’un appauvrissement de notre esprit ». C’est là un pan au moins de la poésie récente de Garnier-Duguy, suspendue – mais avec assurance – entre merveille ancienne, d’une nature océane survivante, et constat perspicace, sarcastique parfois, de notre condition présente ; entre forêts ou sylves d’étrange « profondeur » et « train-train » quotidien recouvrant une possibilité de rédemption secrète, « visible à l’œil nu si nous donnons à cette expression le sens d’une capacité à voir les vertus bienfaitrices d’une aura sur le monde’. Le rythme long, bien sensible dans cette dernière citation, s’apparente davantage à celui des versets anciens, peut-être bibliques ou claudéliens, qu’à l’espèce de prose versifiée aujourd’hui dominante. (Lire la suite)




arbre


Adele Rugini

« Lotta di classe », poèmes inédits (2023)

traduction de Gabriel Meshkinfam
Doctorante de philosophie entre Rome et Paris, professeure assistante à l’USI (University della Svizzera Italiana) mais aussi artiste, Adele Rugini ne se considère pas comme une poétesse de métier. Et pourtant, vingt fois elle y remet son ouvrage, donnant à lire des petits fragments de cette vie privilégiée qu’elle soutire à la grande machine du monde. Variés dans leur approche et dans leur ton, ses poèmes ont pourtant tous en commun de constituer une sorte de basse continue : nous avons toujours affaire à une poétique d’amore e di terra, pour reprendre l’expression du poète Franco Arminio. Très attachée à son petit village d’Ombrie auquel elle ne cesse de revenir, Adele Rugini fait du vers le lieu du conflit entre le monde des livres et celui de cette parole léguée par les hommes et les femmes qui l’ont élevée. Mais cet affrontement laisse parfois place à une autre lutte, celle des corps qui se nouent et se dénouent au gré de la nuit. Les textes donnés à lire ici, dans leur version originale et leur traduction, sont inédits. (lire  les poèmes)



Robin Robertson



(Traduit de l’anglais par Geoffrey Pauly)


Né en 1955, Robin Robertson a grandi sur la côte Nord-Est de l’Ecosse avant de s’installer à Londres. Il a travaillé successivement aux éditions Penguin Books, Secker and Warburg et Jonathan Cape. Plusieurs fois primée, sa poésie joue avec le récit et la narration en donnant à entendre de multiples voix de conteurs qui colportent tour à tour des légendes, des anecdotes, des racontars. Grimoire, présenté comme un ensemble de « nouveaux contes folkloriques écossais », est paru en 2020 aux éditions Picador.



Friedrich
  • Quentin Biasiolo, Arias (extraits)

Ancien élève de l’ENS de Lyon et agrégé de philosophie, Quentin Biasiolo a soutenu une thèse sur l’amour à l’épreuve du temps et il enseigne en classes préparatoires. Après Restes, premier livre de poèmes paru chez "L’Amourier", il travaille à un second recueil intitulé Arias – chants ou élégies d’une voix solitaire, odyssée d’une conscience à l’intérieur d’elle-même.








Ried

Nathalie Ried est née en 1967 à Paris. Ancienne élève de l’ENS de Fontenay-St Cloud, agrégée d’anglais, elle s’établit à Marseille en 2006 et enseigne en classes préparatoires.
Séduite par l’univers de la poésie en prose, elle est notamment éblouie par les écrits de Paul Valéry et de Philippe Jaccottet. Attentive à sa propre sensibilité, et à la recherche d’une expression poétique, elle commence en 2021 à rédiger des textes, en anglais d’abord, puis en français.
« Sens de la visite » est une suite de courtes proses inspirées par des lieux, des oeuvres, ou des sortes de rêves éveillés.
Tout en poursuivant l’écriture de cet ensemble elle explore d’autres thématiques.


lirisme

Aurélie Foglia, Lirisme (éditions Corti),

par Jean-Michel Maulpoix

Il fallait à Aurélie Foglia inventer ce néologisme, « lirisme », pour poser noir sur blanc la question, ou plutôt la rafale de questions :  Que font les livres ? Comment nous tiennent-ils en haleine ? Changent-ils notre respiration ? Jusqu’à quel point d’étranglement ? Combien de temps nous retiennent-ils avant que nous les lâchions ? Par où nous saisissent-ils ? Par la main, les pieds, les cheveux, les yeux, le sexe ? Comment s’en prennent-ils à notre corps ? Comme des tenailles ou des caresses ? La question ici posée de l’emprise exercée par le livre (sa puissance « lirique ») conduit à une autre : celle de la lecture de soi. Qui ne se souvient du mot de Proust : « chaque lecteur est quand il lit le propre lecteur de soi-même » ? Mais qu’en est-il alors de celui ou de celle qui écrit sa lecture ? Lecteur ou lectrice de son rapport à la langue : « tu relis avec d’autres yeux », « la langue a vieilli avec toi »…

(lire la suite...)





Carole
                                  Darricarrère

"De l’eau, un flux, beaucoup d’eaux ruissellent dans les interlignes, une saturation de suints, flaques, lacs, reflets, fleuves à l’envers dans une coquille de noix, larmes & rivières, innerve le récit.

Sur ce substrat éminemment matriciel, les bois flottés d’une partition perméable de sonates lisztéennes comme autant de consolations : recensions, digressions, rêveries, fragments du vivre, du voir, d’aimer, de chagrins, accostages, petites morts & grandes initiations, nostalgies, solitudes, délitements et toute une botanique au fusain de reliefs, plateaux, chemins de halage et d’altitudes fleurant bon le conte, la sueur et la besace de cuir, s’accordent à se ramifier jusqu’à dessiner la carte du tendre de quelque Sisyphe poussant patiemment sa phrase au sommet de la Qualité, se faisant cautérisant pas à pas tout ce qu’en surplomb elle embrasse comme au travers d’un coton d’éther : l’enfance, la révolution des sentiments, la douleur – such moody waters. " (lire la suite...)







La Bible de ma
                                  mère
  • Emmanuel Godo, La Bible de ma mère, éditions de Corlevour / Revue Nunc
par Jean-Michel Maulpoix


    Solitaire, le poète ? Pas si sûr ! Même seul, il est nombreux. Il porte un monde. A l’image de la Bible de sa mère, emplie de souvenirs, d’images, de petits papiers glissés entre les pages : une Bible à « la couverture griffée » et dont le cuir a pris avec le temps « des couleurs de pierre et de bois peint », mais devenue pareille à « une sorte d’arche » où est venue se loger au fil des années la mémoire d’une famille…
    Emmanuel Godo la parcourt, la visite, y circule dans sa propre vie et celle des siens. Chaumon-en-Vexin : c’est là que s’est ouvert le chemin d’une enfance dont on pourrait croire que rien ne s’est perdu tant les détails en sont rassemblés avec une précise et tendre minutie dans ce  livre où s'entrelacent autobiographie et poésie. Et c’est ainsi à la fois une vie personnelle et un monde qui se dessinent, une famille et une époque, une identité et un milieu social. Ce sont des moments, des âges, des rendez-vous, des rires et des larmes.
    Seul, le poète ? Non ! Quand il écrit, les autres sont là : « On dit que les gens heureux n’ont pas d’histoire, qu’on n’écrit qu’avec des plaies, des névroses, des cris rentrés, des désastres. Mais les étoiles tombées donnent encore de la lumière. »




Giudici


"L’œuvre de Giovanni Giudici ne semble avoir vraiment passé les Alpes qu’une fois : le 4 avril 2002. Introduit par Carlo Ossola dans son séminaire au Collège de France alors consacré à l’œuvre de Dante et à ses relectures, le poète y était notamment invité pour évoquer le Paradis et la “satire dramatique” qu’il en avait tirée une dizaine d’années plus tôt (Il paradiso : perché mi vinse il lume d’esta stella : satira drammatica, 1991). Mais, même si son intervention n’a pas été enregistrée, on sait qu’il y parla surtout de sa propre poésie, comme l’indique le titre de la conférence : « La vita in versi. Histoire de mes poèmes ». Pour l’occasion, Bernard Simeone, grand traducteur des poètes italiens (Caproni, Serini, Raboni, Luzi), avait proposé une traduction de quelques poèmes de Fortezza (1990)1. Depuis, à notre connaissance, plus rien..." (extrait de la présentation)....




La double clarté


Ces poèmes de Mario Tomai (pseudonyme de Mario Pezzella) sont tirés du recueil Trascorrendo, en cours d’édition. Ils font suite à un premier livre de poésie, Il cane di Goya (“Le chien de Goya”, Rome, Efesto ed. 2020). Sous son nom, l’auteur a publié plusieurs volumes d’essais, influencés par la pensée de Walter Benjamin sur le cinéma et la littérature et par La Société du spectacle de Guy Debord. Il a vécu à Paris où il a obtenu un doctorat de philosophie auprès de l’EHESS et un DEA en Réalisation Cinématographique à l’Université de Nanterre, sous la direction de Jean Rouch. Il a enseigné Esthétique du cinéma à l’Université de Pise et à l’École Normale Supérieure de Pise. Parmi ses publications : La concezione tragica di Hölderlin (Il Mulino 1993), Il narcisismo e la società dello spettacolo (manifestolibri 1996), La memoria del possibile (JacaBook, 2009), Altrenapoli (Rosenber&Sellier 2019). Il dirige la revue Altraparola, où il a publié ses traductions de Paul Celan, René Char et Jean-Charles Vegliante. 

Nous remercions Ruggero Savinio pour avoir autorisé la reproduction de son œuvre La nymphe Écho, 1980). 



Pérouse
Cette nouvelle étape italienne d'André Vandevenne donne à lire un poème considérablement accompagné de notes. Le lecteur pourra s'en étonner. Il les lira, ou non, à sa guise. Mais il y a là comme une espèce nouvelle de poème , solidaire de sa chambre d'échos. D'où sont-elles venues ces images, ces fusées lyriques: de souvenirs, de lectures, de films vus naguère? Ce n'est pas un superfétatoire mode d'emploi qui nous est proposé, ce sont les échos de sa genèse et comme un hommage de l'auteur à toute la matière mémorable qui l'a nourri. Il s'en explique dans le texte ci-dessous...



lac de Côme
Il m'a semblé que je comprenais mieux, en lisant ce poème d'André Vandevenne inspiré par un séjour dans un hôtel d'un lac italien, la raison d'être et la nécessité de la césure poétique (autant dire du vers et de  la coupe) : favoriser les télescopages, les courts-circuits qui amènent au contact l'un de l'autre le perçu et le senti, ou la mémoire des livres lus, la pensée et l'immédiateté... N'est-ce pas ainsi que vit et s'électrise poétiquement l'écriture ? Les blancs et les ellipses renforcent l'acuité de la langue et aiguisent le désir. Ainsi peut s'écrire l'amour.



Elias Levi Toledo
Elias Levi Toledo est poète. Né à Mexico en 1999, il arrive en 2018 en Alsace pour faire ses études en Lettres Modernes. Depuis son arrivée à Strasbourg, il n’écrit que de la poésie en français. Il a publié dans la revue Europe ainsi que la Revue Alsacienne de Littérature et contribue par des recensions à Recours au poème. Ses poèmes Parle l’étranger et Chant pour une mélancolie heureuse ont été retenus parmi les 10 finalistes du Prix Louise Weiss 2021 et 2022 respectivement. Il rédige actuellement un mémoire de master sur la portée éthique de l’autoréflexivité dans l’œuvre de Francis Ponge. Il dirige également Au Pied de la Lettre, la revue de création étudiante de la Faculté des Lettres de Strasbourg. Son premier recueil, Poèmes pour un poème, est à paraître.


Grand-monde
Dans cet article, Guillaume Curtit rend compte de deux ouvrages d'Aurélie Foglia qui est  maître de conférences à l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle et poète.
Sous le nom d’Aurélie Loiseleur, elle a consacré ses premiers travaux de recherche au romantisme.
Sa thèse a donné lieu à un livre, L’Harmonie selon Lamartine, utopie d’un lieu commun (Champion, 2005), et elle a consacré de nombreux articles à Hugo, Vigny, Baudelaire, Flaubert, Rimbaud ou Verlaine, entre autres.
Elle est l’auteure d’une “Histoire de la littérature du XIXème siècle” dans la collection 128 (Armand Colin, 2014).




Gregory
                                  Rateau

Poète et écrivain français né en 1984, Grégory vit actuellement à Bucarest où il dirige le seul média en français entièrement consacré à la Roumanie et travaille pour la Radio roumaine internationale. Son premier roman, Noir de soleil, est paru aux Editions Maurice Nadeau, il est également l'auteur d'un récit de voyage, Hors-piste en Roumanie. Il contribue avec sa poésie à deux anthologies du Printemps des poètes 2021 et 2022, à un livre d'art, Poème païen, à l'Oeil de la Méduse et à plus d'une vingtaine de revues en France, en Suisse, en Belgique, en Roumanie, au Québec, au Portugal. Son premier recueil, Conspiration du réel, est sorti au mois d'avril de cette année chez Unicité.





le dernier voyage

par Jean-Michel Maulpoix

En lisant Le dernier voyage de Salomon Martcher, je me suis demandé : n'est-ce pas cela le vrai de l'amour, cette espèce d’énigme où une perpétuelle quête de la présence est sans cesse mise à l’épreuve de la distance ? Dans cette affaire compliquée de séparations et de retrouvailles où nul ne sait véritablement ce qu'il cherche, chacun construit pourtant tant bien que mal sa figure et son histoire à travers un temps qui file et s’épuise. L'amour est un voyage, peut être le seul qui mène au bout de soi en posant la question de la vie tout entière. Avec beaucoup de soin et un sens très juste de la phrase qui accroche les détails et ménage les lignes de fuite, Karen Haddad nous entraîne ainsi à la poursuite de l’irrattrapable, parmi les espérances, les doutes, les déboires, les frustrations, les hantises, les joies éphémères et les menus gestes d’un couple improbable. Ses deux principaux personnages, Marianne et Salomon Martcher, portent en eux leurs fantômes et sont comme enveloppés d'une sorte de brume par la voix même de leur auteur. (lire la suite)


Michel Deguy
  • Michel Deguy , 1930-2022
En hommage à Michel Deguy qui vient de disparaître et qui fut à la fois un ami et un collaborateur fidèle de Recueil puis du Nouveau recueil, deux revues auxquelles  il a souvent contribué, nous proposons ici de relire une étude et un entretien :


hommes-nuages

par Jean-Michel Maulpoix
 

Dès le premier texte de ce qu'elle désigne elle-même comme son « journal-poème », Michèle Finck annonce clairement son projet et le risque qu'elle a décidé de prendre : « s'exposer », « lever les censures intérieures », « composer une autobiographie anonyme », en écrivant « pour un homme qui a été incarcéré sous camisole chimique ». (lire la suite...)




Anniversaires
  • Baudelaire, Flaubert, Dante, anniversaires
Giovanni Raboni, Baudelaire (e Flaubert). La carne si fa parola, Turin, Einaudi, 2021 – 115 p., 15 €.
par Jean-Charles Vegliante
Peu d’écrivains, singulièrement les poètes, résistent aux trop fréquentes célébrations de leurs anniversaires. Si leur existence terrestre a été courte (Leopardi, Rimbaud, Keats, Apollinaire…) les récurrences de naissance et de mort peuvent se succéder à une vitesse étourdissante, offrant aux éditeurs et autres consommateurs plusieurs occasions de bénéfice par an. Les gens achètent, ne lisent pas toujours. La lassitude peut menacer les auteurs d’œuvres moins prolixes, sans parler de ceux que l’air du temps semble avoir désertés à tout jamais. Quant aux dates, l’italien Dante Alighieri (1265-1321) se situe dans une fourchette moyenne, 56 ans, juste assez pour qu’un amoureux de son art ait pu assister à la double opportunité de commémorations récente. Et en effet, une première Pléiade, datant de 1965, vient d’être redoublée d’une réédition de la seule version de sa Comédie par Jacqueline Risset, en cet automne 2021 : reprise accrue, il est vrai, d’un abondant « appareil » ou appareillage et de commentaires connexes.  (lire la suite...)



Rétiaire

Journal d'un rétiaire
par Gabriel Meshkinfam
"Marie, c’est un beau prénom, un prénom comme les autres. Ma mère m’a toujours dit que je m’attachais aux Marie, que c’était peut-être dû à mon prénom à moi. J’y crois au destin, au moins pour ça ». C’est ainsi qu’aurait pu commencer ce journal d’enfance où je me plaisais à faire ressurgir des métiers disparus. Rétiaire était l’un d’eux. Comme si un homme pouvait jouer sa vie pour pêcher l’amour dans un filet pour poissons volants."



Matisse

Henri Matisse, Intérieur avec aubergines

Vous m’avez fait chercher, Dominique Fourcade, Hadrien France-Lanord, Sophie Pailloux-Riggi, P.O.L, 2021.


par Jean-Michel Maulpoix

 

Rares sont les livres qui bouleversent nos habitudes de lecture à cause de leur « dispositif » expérimental propre. C’est le cas de Vous m’avez fait chercher, qui vient de paraître chez P.O.L, signé de Dominique Fourcade, Hadrien France-Lanord et Sophie Pailloux-Riggi : un gros volume non paginé où se mélangent textes (à typographie variable), tableaux, photographies, couvertures de livres, coupures de journaux et citations, sculptures, etc. En quatrième de couverture, trois lignes précisent que cet ouvrage spacieux : « n’est qu’un/autoportrait/ on s’y est mis à trois ». Autoportrait de qui ? De Dominique Fourcade, poète, que l’amie et l’ami ont « fait chercher » pour assembler avec lui les images du monde de son écriture, depuis Le ciel pas d’angle jusqu’à magdaléniennement. (lire la suite...)



Temple
                                  rouge

"La paroi de roche immense est suspendue au-dessus du cloître et les chimères qui décorent les arcades, à l'instar des cariatides, semblent prêtes à soutenir ce poids infernal si jamais il venait à se détacher de la montagne. Sculptés par les moines précédents, ces êtres fantasques semblent avoir été prévus pour pallier la catastrophe. Les griffons, les serpents et les dragons
enlacés autour des colonnades sont nos gardiens contre l'usure du temps. Qu'il est vain pourtant de vouloir se défendre contre l'inattendu. Encore tout à l'heure, mes pensées se sont égarées lorsque je m’occupais à traire cette
pauvre chèvre au pelage zébré par l’ombre des bardages de la grange. J’aimerais l’interroger, lui dire : « La vie ainsi faite est-elle belle ? » Mais à quoi bon ? Peut-être le bonheur est-il une idée qui sied aux hommes seulement. L’hiver se passe dans la pénombre des étables. L’été, le troupeau se laisse docilement orchestrer par les aboiements du chien qui à la manière d’un soliste dont la voix contraste avec le chœur, relève l’harmonie de tout l’orchestre à sa suite, et moi, je trône sur les points saillants des flancs de montagne lorsqu’il faut sortir ou rentrer les bêtes des pâturages, dirigeant de là cette symphonie.  (Lire la suite...)


Les Ouvertures
par Carole Darricarrère

« (…) le mot attire à lui d’infinies hordes sonores, se love en avalanche sur lui-même, roule de plus en plus irradié et irradiant, déracine, arrache, et ne peut en fin de compte que prendre peu à peu l’aspect inimitable d’une grande sphère de feu qui déboule et charrie tout sur son passage… »

Un chapelet en guise de collier autour du cou, vêtue de noir dans les acmés lyriques de la lumière, je raccroche les wagons tandis que je lis à messes basses en lettres de feu dans un renversement de perspectives l’apocalypse existentielle d’un chemin de salut, et que je me demande, subjuguée, n’est-ce pas cela la grande, la vraie Littérature, les articulations de mes doigts en panne sous le poids d’un récit au long cours j’en poursuis la lecture à poings fermés dans un rêve conjonctif défiant les lois de la physique. (Lire la suite...)


Pain perdu
  • Guy Goffette, Pain perdu, poèmes, éditions Gallimard
Pain perdu : la recette est simple ; vous trempez dans du lait, puis dans des œufs battus, des tranches de pain sec ; vous les faites revenir dans une poêle avec un peu de beurre ; vous servez, saupoudré de sucre. Il ne faut pas gâcher le pain ; il ne faut pas gâcher les mots : laissez-les s’imbiber le temps nécessaire dans la page blanche, battez votre encre et faites revenir du temps perdu, des phrases oubliées, parfois même des visages aimés… Cette vie, ces mots, ces images, ces bouchées de mémoire, n’est-ce pas à peu près la même chose, puisque tout est langage ? Voilà que Guy Goffette s’est mis au fourneau, dans sa cuisine de province, là-haut, à deux pas de la frontière belge. Il a rendez-vous avec le toujours et le plus jamais, le promis et le disparu, les saisons réelles ou imaginaires du temps de la vie. Les années ont passé : il regarde sa montre ; l’heure tourne ; chacun le sait, beaucoup l’oublient. Et c’est en vers qu’il nous envoie des cartes postales de la vie promise et de la vie perdue. Comme à son habitude, il accueille du monde dans la chambre d’amis de ses « dilectures » : Anise Kolz, Georges-Louis Godeau, Emily Dickinson, Jorge Luis Borges. Entre partance et retour, toujours une valise à la main, le poème est affaire d’oreille, de toucher de langue, et de pas de danse sur un fil. Il est quatre heures à « l’école des muses » : A table les enfants, le goûter est servi ! (Jean-Michel Maulpoix)


Vegliante

 

 "Un vrai livre de poche par sa dimension (10,5 x 15 cm) permettant de le lire partout où l’on s’arrête, un moment au calme. Voire d’en relire certains extraits (ou fragments) avec l’impression de connexions possibles entre eux. En témoigne le texte en page 4 de couverture qui correspond exactement au premier paragraphe du Préambule. Ce livre est aussi une grande surprise pour ceux et celles qui ont l’habitude de lire les poésies de Vegliante car il s’agit là, majoritairement, de prose, çà et là sous forme de véritable récit."  (lire la suite...)


Diana Manole
                                  book


"Riz cuit aux crevettes avec un soupçon de safran", "Molécule de béatitude" et "Recodage du deuil" : trois poèmes de Diana Manole, poétesse canadienne d'origine roumaine. Ses textes ont été publiés au Royaume-Uni, aux États- Unis, en Biélorussie, au Mexique, au Brésil, en Afrique du Sud, en Turquie, en Albanie, en Chine, en Roumanie et Canada. Son prochain livre de poésie, Praying to a Landed-Immigrant God, est à paraître aux  Editions « Grey Borders Books ».



Bourg

photographie de Carole Darricarrère
par Carole Darricarrère

« La rumeur insinue que la glissade ne se termine pas toujours dans un bac à sable. »


"De « Rien ne demeure. » à «  Ne suscite plus, quand le noir se fait, que le souvenir qui va s’amenuisant d’un regard. » - de la page 9 à la page 44, sous le signe du monologue et sur le ton de la confession, la hampe hiératique d’une potée d’émotions à têtes de vanités clampée à l’attente d’un événement joyeux, même les livres, en ces temps de pause longuement suspendus, sonnent la fin de la récréation et témoignent d’une propension négative au reflux." (lire la suite)



In / Carne

par Carole Darricarrère

"À tâtons de traversée entre les signes une disposition à la lecture s’appréhende. L’expérience de la présence tient à une "décompréhension". De l’œil à la peau au ralenti la mémoire est longue qui depuis le travers du corps de l’homme regarde. Un corps de sensations, une respiration de pages, une foulée de symbiose enracine sa différence dans le semblable, la dent dans la montagne, le souffle dans le vent, un décor investit le ciel intérieur du corps - fait corps d’intériorisation en mouvement dans le paysage une somme aléatoire de marques" (lire la suite)...



Hugo
par Carole Darricarrère

"De l’art de la lecture à celui de l’hommage post mortem, fleurs fraîches - sans couronne sépia -, du défi à l’admiration et au pari tenu sur la longueur avec une ferveur discrète et une tendresse assumée, Lionel Bourg nous offre de siroter un essai bien stylé et nous invite à redécouvrir belles métriques et grands récits."

(lire la suite...)


tant qu'on a
                                  la santé

"Un an et demi après la maladie, Gabriel Meshkinfam se laisse à nouveau ausculter par une poésie chirurgicale. Il s’agit en quelque sorte de mettre à jour les sutures du corps, les replis d’une conscience encore fragile et les petits éléments de la vie qui ont évolué ou persisté depuis « Tant qu’on a la santé ». À vingt-quatre ans, les choses ne font que commencer et on a pourtant l’impression de tourner en rond".




Mahy

 par Olivier Vossot

 (...)Le pluriel du titre suggère d’emblée combien, au milieu de la noirceur ou du désenchantement des mots – ceux d’une poésie parcimonieuse d’être à ce point polie, ciselée dans ses moindres détails –, ce ne sont qu’interstices, failles par lesquelles passent les liens que nous ne cessons de tisser, en nous, avec ceux qui ont compté, et ne sont plus. Il n’y a peut-être pas d’arrière-monde – mais nos vies sont cousues d’arrière-plans.  (...) lire la suite...


Camille
                                  Kouchner

par Jean-Charles Vegliante

"Quelle violence que ce silence blanc, cette voix blanche entre les pages du livre ! Contrairement aux mémoires terrifiées de la furie Gilles de Rais (récemment revisitée par Claude Gauvard dans Les grandes affaires criminelles, ouvrage dirigé par Jean-Marc Berlière chez Perrin), ou du déchaînement sans bornes des Cent-vingt Journées de Sodome pasoliniennes, auxquelles peut faire penser le cercle des « Sanaryens » en vacances épinglé par Camille Kouchner, tout dans le scandale interminable de sa Familia grande se déroule justement sans scandale, à bas bruit, dans un huis clos aussi étouffant que l’existence des notables impliqués était exubérante, prodigieuse.  Un silence meurtrier, si l’on pense aux nombreux morts qui parsèment l’histoire des jumeaux Camille et Victor (et de leur frère aîné Colin) entre Paris et Sanary. ...)" pour lire la suite.


Arche Carole Darricarère

Photographie de Carole Darricarrère
"Ou comment faire d’un monologue instrumental - sans paroles autres que les débordements de mots en bon désordre d’un journal nocturne - un voyage interstellaire s’assimilant furieusement à une quête transcendant à la fois le langage et les maux de la condition humaine,
En cette année 2020 et son vocabulaire de fin du monde qui se termine comme elle a commencé comme un serpent se mord la queue,
En cette année la plus bernhardienne, la plus schizophrénique qu’il nous ait été donné de traverser à nos risques et périls, « telle voix d’un hors-monde soufflant, depuis son lieu futur, appelant, appelant à entendre », quel chant de sirène, « lieu de la lancée », « écarte les lianes, c’est alors le ciel »... (lire la suite...)


Vossot

 
par Jean-Marc Sourdillon

"On retrouve dans L’écart qui existe les qualités qui avaient fait la force de Personne ne s’éloigne, le précédent livre d’Olivier Vossot, si réussi, si fragile et si ferme à la fois, qui avait obtenu le prix du premier recueil de poésie. Il n’est pas facile de parler de ce second livre exigeant et subtil, dont on comprend peu à peu que s’y joue quelque chose de vital.
Je pense parfois en le lisant à la voie inaugurée par Pierre Reverdy, cette manière de composer ses poèmes verticalement selon le principe d’un parallélisme des vers. (lire la suite...)



Leopardi


Le poète Gianni D’Elia, habitant amoureux d’un paysage qui fut celui de Giacomo Leopardi – Recanati et alentours, des collines aux rives –, a souvent rendu hommage au souvenir de son illustre prédécesseur, dont il évoque la jeunesse pugnace dans ces deux textes (un extrait et un poème remodelé à quelques années de distance), ici entièrement retraduits par Jean-Charles Vegliante. "De Fiori del mare" 2015 (évidente réminiscence d’un autre poète aimé, que l’on pourrait essayer de rendre par « Fleurs du sel ») au tout récent "Il suon di lei" (syntagme bien connu de L’infinito : « le son d’elle »), mais à partir d’une Lettre encore antérieure (lue au Colloque Leopardi de 2008 à Recanati), il s’agit, comme c’est souvent le cas en poésie, d’un véritable dialogue fraternel, par delà la distance temporelle et physique. "    (lire la suite...)